Tout à la fois Yoga dynamique , Art Martial et branche spécialisée de la médecine Ayurvédique, voici une définition imagée du Kalarippayat  proposée par Cécile GORDON* : « Une âme guerrière et une main qui guérit »

 

Les origines du Kalarippayat :

C’est un Art d’harmonie physique, spirituel et thérapeutique, il contient différentes facettes de la spiritualité de l’Inde ancestrale.
La légende dit que le sage Parashurama, l’un des avatars de Vishnou, lança sa hache dans la mer et fit surgir le Kérala (région du Sud-ouest de l’Inde). Il y planta vingt-et-un piliers pour stabiliser cette longue bande de terre tropicale prise entre mer et montagne. Vingt-et-un Maîtres furent alors initiés au kalarippayat pour mener les hommes dans une voix spirituelle. Depuis, une chaine ininterrompue de Maîtres n’a cessé de transmettre cet Art sacré.

Art ancestral de l’Inde, Art de la connaissance de soi au service des autres 

 

La Pratique du Kalarippayat :

Le lieu de pratique

Le kalari est construit selon des codes précis, creusé dans la terre, la pratique se fait sur le sol en terre battue. Rien n’est laissé au hasard, l’architecture sacrée du « kalari » incite l’étudiant à ressentir son temple intérieur (son corps). Il entre dans l’enceinte de pratique par l’entrée située à l’Est. En face, à l’Ouest sont représentées différentes déités selon les lignées et à l’angle Sud-ouest se trouve le “Sankalpa” posé sur les sept marches de la connaissance . Cette sculpture représente le linga de « Shiva », symbole du masculin.

Depuis l’origine la place des femmes est importante dans cet Art car la « Shakti » ou l’énergie féminine permet à l’énergie masculine de se mettre en action. C’est ainsi que Shiva peut alors devenir « le danseur cosmique ».

La préparation

Le pratiquant entre avec le pied droit dans le Kalari, touche la terre avec la main droite; Il s’enduit d’huile médicinale en commençant par la tête (d’huile de coco) puis le corps (huile de sésame), et se masse. Ces gestes quotidiens avant de commencer la pratique sont un rituel simple mais aussi une introduction bénéfique, une préparation à la pratique d’un Art sacré dans un lieu consacré. Ce « lieu-temple » accueille le pratiquant dans une atmosphère qui le porte vers des valeurs fondamentales. Entrer dans le kalari, c’est déjà laisser une part de son « ego » derrière soi, l’esprit libre et le cœur ouvert.

Avant de commencer la pratique il fait le tour du kalari en saluant les déités et les lampes à huile érigées aux 4 angles du kalari, puis il salue les pieds du Maître pour recevoir sa bénédiction.

kalarippayat

Le Kalarippayat : Développer harmonieusement ses capacités physiques et spirituelles

Le kalarippayat contient tous les éléments pour développer harmonieusement nos capacités physiques et mentales. C’est un lien entre la matière (le corps) et nos aptitudes subtiles dites énergétiques et spirituelles. Le corps est un véritable temple dont nos membres sont les piliers et le centre énergétique, la clef de voûte. Les postures du kalarippayat sont conçues en accord avec notre architecture corporelle, respectant les mesures qui correspondent à notre anatomie personnelle. Les positionnements très bas permettent d’avoir un pôle d’ancrage plus intense. La zone en dessous du nombril sera activée par le souffle. Sans volonté d’esthétique et surtout sans rigidité, les mouvements se réalisent à l’intérieur de la posture ondulant en volutes. Cette bulle qui se dessine devient notre espace vital. La rigueur des positions ancrées dans le sol, permet au corps de centrer l’énergie et concentrer sa respiration .

Huit animaux sont représentés avec leurs particularités associées. La succession des mouvements reflète les traits de caractère propre à certains animaux sauvages. Il ne s’agit pas de forme ou de copie d’un comportement, mais d’une absorption de leurs qualités intrinsèques.

“L’esprit se forge au travers du corps qui se forme »sic
Le Kalarippayat garde comme ultime but d’élever l’esprit. “La pratique quotidienne permet par l’intégration des mouvements de déployer les secrets enfouis dans l’intimité de son coeur »(sic Govindan kutti Nair).

Au cours de son apprentissage, l’élève va apprendre des « Mayppayats » ou séquences courtes et intensives dans lesquelles les positions de base s’enchaînent dans des mouvements coulés puisant leur énergie dans la terre pour mieux projeter le corps dans l’espace. Ces entraînements contiennent une gestuelle symbolique et permettent de décupler la capacité de concentration. Les postures animales liées à la respiration y sont savamment agencées dans ces séries dynamiques.

Ces enchaînements codifiés contiennent une somme d’éléments pour réguler la santé, stimulant les organes internes et permettant de faire circuler le flux énergétique en continu à travers le corps en action. Le corps apprend aussi, sans le savoir, les clefs des combats à mains nues et intègre la gestuelle nécessaire pour la pratique des armes.

Discipline du corps, du cœur et de l’esprit, voie de conciliation des opposés dans une même unité

Les armes du Kalarippayat

“Il ne s’agit pas de se battre mais de devenir le combattant dans une enceinte sacrée ”

Le Maître sent quand l’élève peut commencer. L’arme est la prolongation du corps. Le passage par la pratique des armes donne à l’étudiant puis à l’enseignant l’opportunité de percevoir à l’intérieur de lui ses diverses émotions et réactions et de mieux les contrôler. Il existe un ensemble impressionnant de techniques de maniement d’armes.:

*Les armes en bois (bambou / baton court, « Gada » ou massue)

*Les armes blanches (dague/ épée et bouclier/ urumi ou épée flexible à double tranchants et autres selon les kalari)

*l’Otta: Arme en bois courbe avec une extrémité arrondie représentant la colonne vertébrale. Le pratiquant apprend sans le savoir l’ensemble des séquences de la technique à mains nues et les «clefs » utiles à la self –défense. Elle est considérée comme l’arme des Maîtres car elle réclame les qualités associées aux autres et l’apprentissage des « marmas » ou nœuds vitaux.
L’otta est la jonction entre les différentes applications du kalarippayat.
Art du guerrier intérieur et art de guérisseur

“Si l‘on peut engendrer la mort l‘on doit pouvoir sauver la vie”

Le Maître ou Gurukkal : Médecin, éducateur et régulateur de conflit

Devenir Gurukkal est une grande responsabilité. C’est la dédicace de sa vie à son Art. Après avoir fait un travail sur soi avec les autres, vient le temps du don de soi au service de la communauté. Une spiritualité accomplie finit toujours par se tourner vers les autres.

A une époque beaucoup plus lointaine, dans un contexte de campagne et d’écoute profonde des lois de la nature, dans le respect des Arts et de la Tradition, le kalarippayat était la spécificité des Nayar avec ses codes d’honneur liés à cette caste des guerriers. Le rôle d’un Gurukkal dans la société rurale était de la plus haute importance car l’équilibre d’un village pouvait en dépendre.

 Equilibre Harmonie et Justesse

 

La partie médicale du Kalarippayat

L’ Ayurveda ou médecine traditionnelle de l’Inde reconnaît la présence des mouvements dans le corps, dont la circulation de l’air au plus profond de la cellule. Ce concept est inclus dans le processus du yoga et du kalarippayat puisque ces disciplines considèrent le corps physique comme indissociable du corps subtil.

Le kalarippayat repose sur une connaissance complète et scientifique du corps humain, ainsi que sur l’étude des points vitaux dans le corps ou « Marmas », des coups pouvant être portés, des blessures et des maux qui peuvent s’ensuivent. Les Maîtres détiennent les modes de traitements à appliquer les gestes appropriés pour remettre un membre ou soigner divers problèmes (entorses/ fractures/ luxation/ rhumatismes etc..). Grâce à leurs connaissance des plantes et de leurs effets sur le corps, ils confectionnent leurs huiles médicinales et autres potions.

Des massages spécifiques thérapeutiques sont la particularité du kalarippayat qui est la branche sportive et neurologique du grand arbre ” l’Ayurveda.”

* Cécile Gordon, Maître de Kalarippayat.

Cécile Gordon, danseuse et chorégraphe fut reconnue Maître de Kalarippayat en 2004 par l’assemblée des Maîtres de la lignée C.V.N (seule femme et étrangère en Inde)

A Paris en 1982, elle rencontre le Maître Govindan Kutti Nair qui l’invite à suivre son enseignement au sein du C.V.N kalari de Trivandrum (kérala). Commence alors un long parcours qui devient son chemin de vie. Lors de nombreux séjours elle accompagne le Maître dans son cabinet médical. Depuis plus de 40 ans elle transmet les enseignements du Kalarippayat avec rigueur et les massages ayurvédiques en France. C. Gordon selon la tradition pratique des soins et massages Ayurvédiques-kalari et encadre des formations de ces disciplines.(des sessions de kalari-massages ainsi que des formations à l’année)

Elle est régulièrement invitée par les écoles de yoga de lignée traditionnelles à intervenir lors des formations mais aussi dans les festivals et les congrès de yoga (festival yoga à Paris /yoga du Monde sables d’olonne/ yoga Joséphine à Strasbourg/ congré de vogué ,yoga de l’énergie /San Giovani / EFY (école francaise du yoga ) FNEY (Strasbourg)/ lock Utsav (New Delhi / Calcutta Inde)…

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Les textes sont issus (en grande partie) du livre KALARI écrit par Cécile Gordon et édité aux éditions Bizalion.

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